Les patients diabétiques, qu’ils soient atteints d’un diabète de type 1 ou de type 2, sont davantage sujets aux maladies bucco-dentaires.
Leur état favorise les caries dentaires et fragilise les gencives. La maladie parodontale est d’ailleurs la 6ème complication du diabète et inversement, une maladie parodontale entrave la stabilisation d’un diabète.
La salive des personnes diabétiques
La salive des personnes diabétiques présente des spécificités : d’une part, elle est effectivement plus sucrée, d’autre part plus « visqueuse » et plus rare, ce qui va favoriser le dépôt de plaque dentaire et la multiplication des bactéries délétères pour l’émail dentaire, la gencive et l’os.
Cependant la salive n’est pas le seul élément qui participe au fait que les diabétiques présentent davantage de problèmes dentaires. En effet, au niveau de la formule sanguine, il peut y avoir une altération des cellules de défense, ce qui va fragiliser l’immunité des personnes diabétiques. Ces dernières sont donc plus sujettes à de multiples complications au niveau buccal telles que la xérostomie (sécheresse excessive de la bouche), les lésions de la muqueuse buccale avec infections fongiques et lichen plan, les polycaries, les érosions dentaires, etc…
Maladie parodontale et diabète
La maladie parodontale est la 6ème complication du diabète. On parle souvent des rétinopathies, des pathologies vasculaires des extrémités mais la parodontite est une pathologie très fréquente chez les diabétiques. Ceci explique pourquoi les diabétiques doivent être vigilants concernant leur santé bucco-dentaire.
Lorsque la maladie parodontale s’installe chez une personne diabétique, l’état inflammatoire qui s’en suit va venir entraver le corps dans ses tentatives de stabilisation de la glycémie. Les doses d’insuline devront être augmentées et seront moins efficaces.
Une personne diabétique ayant une maladie parodontale non soignée aggraverait de 21% son risque de mortalité.
Diabétiques : précautions chez le dentiste
Le diabète a une incidence sur le saignement, la qualité de l’hémostase, en fait sur la cicatrisation, car il va perturber tout ce qui est micro-capillaires au niveau gingival et dentaire. Le diabète va également augmenter le risque infectieux car le système de défense est altéré, d’où justement la nécessité d’une antibioprophylaxie, pour éviter la bactériémie, c’est-à-dire lorsque trop de bactéries passent dans la circulation sanguine.
Quand le diabète n’est pas bien équilibré, il y a certaines précautions à prendre quand on subit des soins dentaires.
Il faut déjà savoir que l’on ne fait pas de distinction entre le diabète de type 1 et de type 2. Le critère déterminant est celui du bon équilibre de la glycémie de la personne diabétique, à qui le dentiste demandera les résultats de sa dernière hémoglobine glyquée (un examen qui consiste en une prise de sang et qui indique l’équilibre glycémique des 2 à 3 derniers mois) :
- Si le diabète est équilibré avec une hémoglobine glyquée inférieure à 7 ou 7,5 avec traitement, il n’y a pas de précaution particulière à prendre.
- A l’inverse, si le diabète n’est pas équilibré, on va faire une antibioprophylaxie, c’est-à-dire un flash antibiotique, pour les actes peu invasifs (caries, détartrage, etc…).
Si on doit pratiquer des actes très invasifs (implants, extraction multiple, etc…), on attendra que le diabète soit équilibré.
Par contre l’anesthésie dentaire n’est pas contre-indiquée chez les personnes diabétiques.
Diabète et santé dentaire
Une personne diabétique n’est pas destinée à perdre ses dents. En effet, une bonne qualité de brossage et une surveillance biannuelle chez son dentiste préféré sera une assurance santé pour ne jamais développer de maladies parodontales. Cependant nous avons encore beaucoup de route à parcourir pour sensibiliser les patients diabétiques et les endocrinologues sur la prévention particulière par rapport à la santé bucco-dentaire en cas de diabète.
Il y a encore 20 ans, donc ce n’est pas si loin, les dents n’étaient encore qu’un élément isolé du corps sur le plan médical, et ne servaient qu’à mâcher les aliments. Maintenant on a prouvé scientifiquement, le lien entre toutes les pathologies de la cavité buccale et l’état de santé générale des patients, dans un sens, comme dans l’autre, parce que des pathologies générales peuvent avoir des répercussions sur la santé bucco-dentaire et inversement. On a désormais bien identifié ces pathologies générales, dont le diabète.
Même si la prévention est essentielle, le grand chalenge est la formation des médecins et des professionnels de la santé qui ont rarement entendu parler des dents pendant leurs études. Ce n’est que lorsque les chirurgiens-dentistes seront enfin intégrés dans la chaine de santé, que les patients pourront estimer avoir pu profiter d’un diagnostic complet. On y gagnera en termes d’économie de soins, mais aussi en termes de qualité de vie pour ces patients. Il faut savoir que si le problème parodontal est dépisté tôt, il se traite facilement et sans séquelles, à moindre coût.
L’idéal est vraiment pour les personnes diabétiques de consulter au moins deux fois par an pour favoriser le dépistage précoce.
Prise en charge des soins dentaires en cas de diabète
Les choses bougent mais il y a encore du travail. Les soins parodontaux ne sont plus remboursés par l’assurance maladie depuis 2006. Heureusement certaines mutuelles octroient à leurs sociétaires un forfait annuel, qui même s’il ne couvre pas les frais du traitement parodontal global, permet d’en assurer la maintenance les années suivantes, ce qui est quand même la clé du succès d’un traitement parodontal.
Il faut savoir également que la maladie parodontale chez les diabétiques est en lien avec son ALD (Affection Longue Durée) puisque le lien de cause à effet entre parodontite et diabète est scientifiquement prouvé. Une prise en charge complémentaire est d’autant plus légitime que ces soins sont très mal remboursés. Au moins cela permettrait une prise en charge à 100% pour des soins normalement remboursés à 70% par l’Assurance maladie. C’est peu, mais c’est intéressant malgré tout pour les gens qui n’ont pas de mutuelle.
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