Une enquête mondiale de Nielsen sur l’alimentation révélait il y a quelques mois que 37 % des français choisissent une alimentation particulière pour diverses raisons ; médicales, sanitaires, éthiques ou spirituelles.
Alimentation biologique
La consommation de fruits et de légumes a augmenté de façon importante depuis 3 ans alors que 34 % des foyers disent avoir diminués de façon importante leur consommation de viande.
70 % des français disent manger du bio tous les mois et 15 % disent en manger tous les jours. Les ventes dans le secteur bio ont augmenté de 20 % en 2016 et déjà de 15 % entre janvier et mars 2017.
70 % des français disent manger du bio tous les mois et 15 % disent en manger tous les jours. Les ventes dans le secteur bio ont augmenté de 20 % en 2016 et déjà de 15 % entre janvier et mars 2017.
Producteurs valorisés
Le bio, comme les produits « sans » sans gluten, sans lactose, permettent de valoriser les productions et échapper à la guerre des prix. Les petites marques innovantes ou locales, ou celles qui ont une antériorité, tirent le mieux leur épingle du jeu. Les petits producteurs ont trouvé des machés limitant les intermédiaires et vont au plus près des consommateurs. Le marché du sans gluten a diminué en 2016 car les produits de substitution ne sont pas aussi bon, mais ne sont pas non plus très digestes.
Les consommateurs ont peur
En dehors des phénomènes de mode, on se rend compte qu’il y a aussi un grand désarroi. « De plus en plus de personnes consultent pour savoir ce que l’on peut encore manger », nous confie le docteur Dominique Eraud, médecin nutritionniste. Car la défiance porte sur les produits eux-mêmes, dont la liste noire s’allonge tous les jours depuis le scandale de la vache folle en 1998.
A force d’entendre des scandales sanitaires, autant alimentaires que pharmaceutiques, un nombre de plus en plus croissant de personnes prennent des décisions drastiques pour leur santé.
Comme le dit Jolenta Bak, fondatrice de la société conseil en stratégie de marque Amarcord, « ils vivent souvent leur corps comme un temple à préserver des pollutions, et cela vaut aussi bien pour leur nourriture, que pour les cosmétiques ou la mode ».
A force d’entendre des scandales sanitaires, autant alimentaires que pharmaceutiques, un nombre de plus en plus croissant de personnes prennent des décisions drastiques pour leur santé.
Comme le dit Jolenta Bak, fondatrice de la société conseil en stratégie de marque Amarcord, « ils vivent souvent leur corps comme un temple à préserver des pollutions, et cela vaut aussi bien pour leur nourriture, que pour les cosmétiques ou la mode ».
Voter avec son alimentation
« Désormais, avec son alimentation, on vote. » juge Christophe Audouin, le directeur général de Stonyfield France. Cette filiale, créée
au sein du groupe Danone, pour développer les yaourts bio « Les 2 vaches » s’est largement inspirée de la démarche citoyenne et éthique lancée par Gary Hirshberg, fondateur de Stonyfield, aux Etats Unis et militant écologiste de la 1ère heure.
Les candidats à l’élection présidentielle ont d’ailleurs reçu un manifeste pour le « manger mieux » publié par Fleury Michon.
Les candidats à l’élection présidentielle ont d’ailleurs reçu un manifeste pour le « manger mieux » publié par Fleury Michon.
Ethique ou stratégie commerciale ?
Le groupe Fleury Michon est conscient d’être perçu comme la source du problème plutôt que la solution. Il faut réussir à changer ça, explique David Garbous, le directeur du marketing stratégique. Sa jeune gamme de produit végétarien, s’étoffe, périodiquement, de nouveaux plats cuisinés et la proportion de ces produits les plus vertueux, charcuterie bio, Label Rouge et Bleu Blanc Cœur.
Des volontés humaines
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Les opérations « mains propres » se multiplient aussi dans la grande distribution.
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Système U vient d’enterrer tout un cortège de substances indésirables dans 45 % en volume des produits. Il ambitionne d’arriver à 60 % en 2022 car « nous devons être exemplaire » exhorte sont patron Serge Papin.
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Leclerc aussi s’y met en décidant de réduire l’usage des pesticides tout en améliorant l’empreinte environnementale.
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Intermarché diffuse des produits sans additifs ni conservateur.
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Carrefour met en place 2 mesures fortes pour ses filières viandes, une certification sur le bien-être animal en partenariat avec l’ONG Welfarm.
Une transformation pas à pas
Des hommes de conviction agissent mais dans quelle limite peuvent-ils se libérer du système ? Chaque pas est important.
« Qu’il s’agisse de sécurité, de qualité ou de traçabilité il n’y aura pas de retour en arrière mais il faut se méfier des dogmatismes et ne pas opposer les démarches » considère Mr Papin, car ouvrir la boite noire de l’alimentation revient un peu à ouvrir la boite de Pandore.
En lançant des produits « sans » ne va-t-on pas stigmatiser les produits « avec » ? Même lorsque l’on est sincère dans sa démarche, on se doit d’être totalement transparent sinon on ne nous pardonnera pas, met en garde Jolanta Bak.
C’est le client qui a le pouvoir
De nos jours les clients dictent directement les stratégies, aucune marque n’en doute. L’idée de la gamme Carrefour Vegge a été soufflée à l’enseigne par les internautes sur son site collaboratif « si j’étais Carrefour ». Les « étables citoyennes » de la marque « Les 2 Vaches » organise un Road-show pour se rapprocher des consommateurs et Fleury Michon va à la pêche aux idées sur les réseaux sociaux.
Le PDG de Danone, Emmanuel Fabert, prenait acte, en tout cas, d’un monde ne train de se fragmenter, de se complexifier, où les consommateurs résonnent de plus en plus local et dans lequel les tendances religieuses vont cliver les sociétés et les questions environnementales, vont nécessiter de repenser les chaines logistiques.
Retour en cuisine
Les maisons d’édition aussi augmentent leurs ventes grâce à leurs livres de cuisines saines. Aujourd’hui tout ce qui est Veggan ou Détox se vent à coup sûr. Même chez les éditeurs conventionnels, mais on ne peut plus vendre juste un tas de recettes. Elles sont sur internet, il faut les accompagner de contenu estime Emmanuel Le Vallois. Une partie de plus en plus croissante de la population est en quête de santé avec un sens.
On est ce que l’on mange
C’est Camille Adamiec, sociologue, spécialiste de l’alimentation et de la santé, et auteur de « Devenir sain » qui nous parle de la montée du contrôle individuel de l’alimentation. Le but du contrôle n’est pas seulement de ne pas être malade mais aussi de repenser le rapport entre l’intérieur et l’extérieur de l’individu qui forme une écologie de soi. La quête de santé doit être comprise comme une recherche de sens. Face aux batailles d’expert et à la cacophonie diététique, l’arbitrage ultime consiste à recourir à ses sens pour savoir quand c’est trop ou pas assez, autrement dit, on considère que l’expert c’est soi.
Cet individualisme alimentaire est constructif. Pour l’individu, le corps c’est la base de l’identité. Avoir une réflexion et des convictions sur ce qui entre et ce qui n’entre pas dans notre corps est un vecteur de l’image que l’on veut donner de soi au sein d’un groupe. Au niveau de la société, ces pratiques sont en partie issues de crises alimentaires et donc de phénomènes négatifs, mais elles disent aussi le besoin de sens, d’éthique, de rapports plus équilibrés à la nature et à la consommation.
Ces propos sont issus d’un article paru dans les « Cahier du Monde » du lundi 27 février 2017
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