Congrès en ligne : la gestion du stress et des émotions
Paris, le 17 juillet 2014,

Le Nigeria vient d’annoncer qu’il se dirige « vers une dentisterie sans mercure » et qu’il fait même de cette transition une « priorité », en raison des problèmes environnementaux et sanitaires engendrés par le mercure dentaire. Il rejoint ainsi la cohorte de pays Africains qui ont déjà renoncé à ce dispositif médical toxique, ou qui s’apprêtent à le faire : Gambie, Centre-Afrique, Cameroun, Gabon, Zambie, Sud-Soudan, Ouganda, Madagascar, Ile Maurice, Zimbabwe…

 
Voilà de quoi couper court à la rumeur selon laquelle l’amalgame resterait un produit irremplaçable « pour les pays pauvres et les pauvres de nos pays développés. » (Argument avancé par la sénatrice Isabelle Pasquet, manifestement désinformée, pour expliquer le vote de son groupe contre l’amendement déposé par Mme Aline Archimbaud en novembre dernier, demandant l’instauration d’une taxe sur le mercure dentaire.)

Pendant que l’Afrique s’engage sur le chemin de l’avenir, l’Europe tergiverse. Ainsi, le 07 juillet dernier, la Commission européenne invitait la société civile à s’exprimer sur la « Mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le mercure ». Le rapport qui servait de support à cette réunion rappelle que la Convention de Minamata n’oblige pas les États européens, qui l’ont ratifiée en octobre dernier, à abandonner le mercure des amalgames dentaires ; toutefois, précise le document, ce dispositif médical « est, et restera probablement, la principale utilisation par les consommateurs de mercure dans l’UE. »

  • L’amalgame dentaire représente en effet le quart de la consommation de mercure en Europe : ce sont 90 à 100 tonnes mises en bouche chaque année, alors que la consommation globale de mercure pour toute l’Europe se situe entre 320 et 530 tonnes.
  • L’amalgame dentaire, c’est aussi le tiers des déchets annuels recyclables de mercure (95 tonnes sur 285) et nettement plus de la moitié des déchets accumulés dans nos sociétés (1000 tonnes sur 1784).
  • L’amalgame dentaire, c’est surtout la première source d’exposition et d’imprégnation des Européens en mercure.
Si l’UE se contente d’appliquer a minima la Convention de Minamata, reconnaît le rapport, les bénéfices seront marginaux. On ne peut escompter d’impact significatif qu’à condition que la Commission européenne adopte le scénario « ambitieux », qui consiste à interdire le mercure dentaire, en le réservant à quelques cas très spécifiques.

Ce scénario est techniquement possible, soulignent les rapporteurs, puisqu’il a déjà été réalisé en Suède et au Danemark.

En réalité, la mise en œuvre de la Convention de Minamata sera incompréhensible si le mercure dentaire ne se voit pas interdit.

Les citoyens attendent de l’Europe qu’elle donne un horizon au reste du monde en fixant des normes environnementales et sanitaires audacieuses. Il est donc inadmissible que la Commission européenne et le lobby dentaire continuent de surfer sur la stratégie du doute pour semer l’indécision dans l’esprit des élus ; inadmissible que l’on continue de réserver un traitement exceptionnel à l’amalgame, alors que tous les autres usages du mercure se voient progressivement éliminés.

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