Dans les années 30, les expéditions du Stomatologue Weston A Price l’ont amené à penser que l’alimentation primitive conditionne la santé physique, mentale et morale des communautés isolées de la civilisation et que son remplacement par les régimes modernes entraine la dégénérescence progressive de leurs frères civilisés : carie dentaires, malformation des mâchoires, dents en malposition (lire aussi : Weston Price, un chercheur visionnaire).

Suite à ces constatations sur le terrain, Weston Price a étudié et analysé les différents composants de ces régimes alimentaires.

Régimes traditionnels étudiés :

1) Suisses du Valais : Pain de seigle entier, produits laitiers de haute qualité, viande une fois par semaine et légumes surtout 1’été. Le foin récolté est particulièrement riche en chlorophylle.

2) Celtes des Hébrides : Céréales (surtout avoine), produits de la mer (poissons, coquillages), légumes en quantité limité. Plat spécial : tête de morue farcie d’avoine et de foie de poisson.

3) Esquimaux d’Alaska : Animaux marins et terrestres (phoque, caribou, poison). Peu de végétaux : baies, algues, plantes (fraiches ou conservées dans l’hui1e de phoque). Organes et viscères d’animaux, œufs de poisson. Couche internes de la peau de narval.

4) Indiens Nord Américains : Aliment de base : gibier (caribou, renne et poisson de rivière). L’été quelques baies et plantes. L’hiver certaines écorces et bourgeons. Organes et viscères d’animaux (y compris moelle et tractus digestif).

5) Mélanésiens et polynésiens : Alimentation mixte et variée, produits de la mer, poisson de rivière, cochon sauvage, plantes et fruits. Taro.

6) Africains éleveurs : Viande, sang, lait, quelques plantes et fruits, insectes fourmis, sauterelles etc.)

Africains agriculteurs : Céréales et végétaux (mais, millet, patates douces, fèves, bananes), insectes.
Africains chasseurs : Gibier, poisson d’eau douce, plantes, fruits, insectes.

7) Australiens vivant sur le littoral : produits de la mer (poisson, coquillages, algues) animaux (dugong), plantes et fruits. Organes et viscères.
Aborigènes du désert : animaux (kangourou, rongeurs, insectes, oiseaux et leurs œufs, organes et viscères). Végétaux : racines, tiges, feuilles, baies, pois.

8) Maoris de Nouvelle Zélande : Produits de la mer, plantes marines, oiseaux (mutton bird) et leurs œufs, plantes, graines, racines de fougère.

9) Indigènes du Détroit de Torrès : Produits de la mer (poisson, coquillages et dugong), plantes (taro, bananes, fruits du papayer, prunes).

10) Indiens du Pérou.

Côte : Produits de la mer et végétaux.

Andes : Lama, alpaca, vigogne, cochon d‘Inde, patates, mais, fèves, œufs de poisson séchés.

Amazone : Poisson de rivière, gibier, oiseaux et leurs œufs, plantes et fruits sauvages.

11) Régime moderne adopté par les groupes civilisés est toujours le même au détail près quelle que soit la région envisagée : Pain blanc, farine blanche blutée et ses dérivés, parfois riz poli sucre raffiné, sucreries, confitures, mélasses, conserves variées, graisses végétales, thé, café, chocolat.

Un constat sans équivoque

En faisant l’analyse chimique de tous ces régimes, grâce aux échantillons alimentaires prélevés au cours de ses expéditions, 1‘auteur constate que les régimes alimentaires des groupes primitifs sont très différents si l’on en juge par le nom et le type d’aliments … cependant très voisins si on les réduit à leur contenu en vitamines et sels minéraux.

Par contre, déjà en 1930, ces concentrations en vitamines et sels minéraux étaient de 2 à presque 60 fois supérieures dans les régimes primitifs que dans le régime moderne.

Sels minéraux et vitamines des régimes primitifs

Ces chiffres indiquent le rapport de grandeur entre la teneur en sels minéraux et vitamines des régimes primitifs et celle du régime moderne.

(Ainsi en Suisse la teneur en calcium est 3,7 fois plus forte dans le régime primitif que dans le régime moderne).

REGIMES Ca P Fe Mg Vitamines lipo-solubles
Suisses 3,7 2,3 3,1 2,5 Plus de 10 fois plus
Celtes 2,1 2,3 1 1,3 Plus de 10 fois plus
Esquimaux 5,4 5 1,5 7,9 Plus de 10 fois plus
Indiens Nord Américains 5,8 5,8 2,7 4,3 Plus de 10 fois plus
Péruviens de la côte 6,6 5,5 5,1 13,6 Plus de 10 fois plus
Péruviens des Andes 5 5,5 29,3 13,3 Plus de 10 fois plus
Africains éleveurs 7,5 8,2 16,6 19,1 Plus de 10 fois plus
Africains agricoles 3,5 4,1 16,6 5,4 Plus de 10 fois plus
Mélanésiens 5,7 6,4 22,4 26,4 Plus de 10 fois plus
Polynésiens 5,6 7,2 18,6 28,5 Plus de 10 fois plus
Australiens 4,6 6,2 50,60 17 Plus de 10 fois plus
Maoris 6,2 6,9 58,30 23,4 Plus de 10 fois plus

Expérimentation sur les céréales

Price compare la valeur nutritive de blé entier et de la farine blanche du commerce sur 3 groupes de rats

1er groupe de rats : on donne du pain de blé entier fraichement moulu. Les rats se développent bien, se reproduisent normalement d’humeur paisible ils peuvent être manipulés facilement et n’ont pas de carie ;

2ème groupe de rats : nourris au pain de farine blanche du commerce. Les rats se développent mal, perdent leurs poils et ont des caries dentaires. Agressifs, ils essayent de mordre et ne se reproduisent pas !

3ème groupe de rats : nourris au pain fabriqué avec de la farine intermédiaire contenant le son et les couches périphériques du blé. Les rats sont considérablement hypotrophiques et manquent de vitalité. Ils sont incapables de se reproduire par contre ils ne présentent ni carie ni agressivité

Price mesure les taux de calcium, phosphore, fer et cuivre dans les 3 pains utilisés. Il constate l’importance d’utiliser des farines fraichement moulues pour éviter l’oxydation du blé ce qui l’appauvrit en vitamines B et E et confirme qu’il faut conserver aux céréales toutes les substances (vitamines et sels minéraux) qu’elles contiennent à l’état naturel et qui disparaissent au raffinage.

Expérience sur le beurre

Price avait été frappé par la qualité exceptionnelle du beurre fabriqué dans les hautes vallées suisses au mois de juin en particulier par son taux de vitamines A et D.

Cette richesse provenait des jeunes pousses d’herbes récemment libérées par la fonte des neiges dont se nourrissent les vaches à cette époque de l’année. C’est avec ce « beurre spécial » que Price fait des expériences avec des lots de poussins et de dindons, ce qui lui permet de mettre en évidence un facteur X présent dans ce beurre qui participerait à un état de santé optimum.

Price conclut que le régime moderne est déficient parce que la qualité a été modifiée par l’industrie alimentaire moderne. « Le commerce moderne dit-il, a délibérément privé certains aliments naturels d’une part importante de leurs constituants plastiques nutritifs tout en gardant les substances énergétiques qui apaisent la faim. »

Expériences sur le sol

Pour expliquer cette insuffisance qualitative de l’aliment civilisé Price pense qu’il faut remonter au sol et en effet, ses travaux lui permettent de rapporter la qualité des fourrages du bétail et des produits laitiers d’une région directement au degré d’épuisement du sol par de nombreuses années de culture intensive (je vous rappelle que Price fait cette étude en 1940 !!!)

Alimentation et caries dentaires

Price décide donc de faire ces premières applications cliniques afin de mesurer à court terme le facteur alimentaire sur les caries dentaires sur 35 enfants de famille pauvre présentant de nombreuses caries.

a) l’examen clinique comportait :

  • examen radiologique complet des dents
  • repérage soigneux de chaque carie
  • analyse chimique de la salive
  • taille et poids de chaque enfant-
  • tests évaluant le niveau scolaire et le comportement

b) le régime familial se composait essentiellement de : pain blanc et produits à base de farine blanche, graisse végétale, mélasse, sucre raffiné et café.

c) le repas « renforcé » était conçu de 1a manière suivante :

  • 120 grs. (4 ounces) de jus de tomate ou d’orange
  • une cuillerée à café d’un mélange à parties égales de beurre spécial et d’huile de foie de morue naturelle
  • ragoût de viande et légumes (comprenant entre autres moelle et carottes)
  • Fruits cuits très légèrement sucrés
  • deux verres de lait frais entier
  • pain de blé entier, fraîchement moulu.

Le menu était varié d’un jour à l’autre en remplaçant la viande par du poisson ou des organes d’animaux.

d) les résultats (après 5 mois de traitement) furent les suivants :

  • aucune carie nouvelle
  • tendance à la guérison des caries anciennes avec formation d’une couche d’ivoire secondaire en particulier au niveau des cavités pulpaires.
  • dans plusieurs cas, amélioration des tests de niveau scolaire et de comportement
  • augmentation du coefficient de protection salivaire

Conforté par ces premiers résultats Price continue ces expérimentations cliniques : il donne la même alimentation de type « spécial » à un groupe de mères pendant la gestation et la lactation puis à leurs enfants après sevrage. Price constate chez ces enfants l’absence totale de carie dentaire, un développement physique et une efficacité scolaire nettement supérieure à la moyenne.

Stomatologue de talent, le Dr Weston A Price dirigea l’institut de recherche de la National Dental Association. Il a entre autre souligné les rapports existants entre les caries et les autres lésions dégénératives de l’organisme.

La plupart des médecins sont avant tout des pathologistes et recherchent les causes des maladies. Price au contraire s’intéresse surtout aux causes de la santé.

Je vous conseille aussi vivement de visionner à nouveau ce documentaire