Source : Extrait du livre « les animaux doivent-ils se brosser les dents ?
Titre original « Müsse Tiere Zähne Putzen » Viesner/ Müller/ Mattei
Si vous pensiez que seules les petites têtes blondes perdaient leurs dents de lait, détrompez-vous !
Les vaches aussi ont droit à leur “sourire de bébé”. Comme tous les mammifères, elles naissent avec une dentition temporaire, qu’elles remplacent ensuite par des dents définitives. Mais attention : la dentition bovine réserve bien des surprises, et son fonctionnement est aussi ingénieux que la machine à ruminer elle-même.
La dentition de la vache
Chez la vache, les dents ne se ressemblent pas toutes et ne remplissent pas le même rôle.
L’animal doit mastiquer des fibres végétales coriaces toute sa vie, un peu comme si nous devions mâcher du papier de verre à longueur de journée. Ses dents sont donc adaptées à cette mission héroïque.
Des dents de lait… mais pas partout
Oui, les vaches ont des dents de lait, mais uniquement certaines : les incisives et les prémolaires.
Ces dents temporaires tombent au fil des premières années, remplacées progressivement par des dents définitives.
En revanche, les molaires postérieures, elles, n’ont pas de version “bébé” : elles poussent une seule fois et doivent durer toute la vie. Autant dire qu’elles n’ont pas intérêt à faiblir en route !
La dentition de la vache : l’absence de dents en haut
La vache, contrairement à l’humain, ne possède aucune incisive sur la mâchoire supérieure.
À la place ? Une plaque dentaire cornée, appelée bourrelet gingival ou pad dentaire, tapissée de papilles dures et résistantes. Ce coussin fibreux agit comme un rebord de coupe, parfait pour attraper et arracher l’herbe.
Imaginez une sorte de râpe naturelle, combinée à des dents inférieures robustes : c’est la version bovine du couteau à pain.
La dentition de la vache : mâcher, encore et toujours
Les vaches passent une grande partie de leur journée à mâcher. En moyenne, une vache rumine plus de 8 heures par jour, ce qui représente plusieurs dizaines de milliers de mouvements de mâchoire quotidiens.
Ce marathon masticatoire a un prix : l’usure dentaire.
Les herbes qu’elles consomment contiennent souvent de la silice, une substance minérale naturellement abrasive. À force de broyer ces fibres, l’émail cette fine couche protectrice qui recouvre la dent, s’amincit peu à peu.
Et contrairement à nous, les vaches ne peuvent pas prendre rendez-vous chez le dentiste pour une petite retouche d’émail ou une couronne céramique flambant neuve.
Quand la dentition dicte la durée de vie
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’état des dents influence directement la longévité des mammifères.
Chez la vache, lorsque les dents définitives sont trop usées, la mastication devient difficile, voire impossible.
Résultat : l’animal ne parvient plus à s’alimenter correctement, maigrit et finit par dépérir.
Autrement dit, la bouche détermine la survie.
Chez l’être humain, la dentisterie moderne a prolongé ce cycle naturel : quand nos dents cèdent, nos prothèses prennent le relais.
Mais dans le monde animal, aucune “troisième dentition” ne vient sauver la mise.
Seuls certains animaux de compagnie privilégiés et parfois quelques chiens de stars américains ont droit à un implant ou à une prothèse dentaire.
Les vaches, elles, n’ont que la nature et le temps comme alliés.
La dentition de la vache : L’usure dentaire
La comparaison peut sembler cocasse, mais elle dit tout :
Un lion édenté est aussi inoffensif qu’un chaton. Sans ses crocs, il ne peut plus chasser ni mordre.
La nature, impitoyable, ne prévoit pas de système de retraite pour les carnivores vieillissants.
Et ses congénères ? Aucun ne songerait à lui pré-mâcher un steak par compassion.
Chez les herbivores, c’est la même logique : quand la mécanique dentaire ne suit plus, la survie devient compromise.
Les dents sont donc bien plus qu’un simple outil de mastication : elles sont le miroir de la vitalité.
La dentition de la vache : Lire l’âge dans les dents
La dentition, c’est un peu la carte d’identité des animaux.
Chez le cheval, par exemple, on peut estimer l’âge simplement en observant ses incisives.
Les jeunes chevaux présentent de petites taches sombres, appelées cornets dentaires, qui disparaissent peu à peu avec le temps.
Vers l’âge de neuf à dix ans, ces marques s’effacent complètement un signe sûr de maturité équine.
Au siècle dernier, certains marchands peu scrupuleux n’hésitaient pas à truquer l’âge d’un vieux cheval pour le revendre plus cher.
Comment ? En brûlant les dents à l’aide d’un fer chaud pour recréer artificiellement les fameuses taches sombres.
Une pratique barbare, appelée gitschen ou meulochen en argot, qui faisait se cabrer l’animal de douleur.
L’équivalent rural du “remontage de compteur” automobile, mais à la sauce équestre.
La dentition de la vache : Une leçon de respect… et de bon sens
L’expression bien connue “À cheval donné, on ne regarde pas la bouche” vient justement de cette époque.
Jeter un œil aux dents d’un animal offert était perçu comme un signe d’ingratitude, un peu comme si l’on scrutait l’étiquette d’un cadeau avant même de dire merci.
La morale ? Les dents révèlent beaucoup, mais certaines vérités se découvrent avec tact et bienveillance.
Les vaches, comme tous les mammifères, racontent leur histoire à travers leurs dents.
Leur dentition n’est pas seulement un outil de mastication, c’est aussi un reflet de leur âge, de leur santé et de leur endurance.
Derrière chaque rumination paisible se cache un système dentaire d’une précision fascinante, fruit de millions d’années d’évolution.
Et si la vache ne sourit pas, c’est sans doute parce qu’elle sait qu’à la longue, ce sont ses dents qui porteront tout le poids de sa vie… une raison de plus pour admirer son endurance silencieuse.
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