Je voudrais vous raconter ma rencontre avec une chirurgien-dentiste colombienne, mais elle est beaucoup plus que ça, c’est une femme kogis, elle s’appelle Judith Nuvita.
Les indiens Kogis sont un peuple amérindien de Colombie. Depuis que Judith est née, ses parents ont pratiqué des consultations traditionnelles, et la mère spirituelle de la nature a accepté que Judith soit l’enfant choisie pour aller étudier à la ville. C’est une tradition chez les Kogis de toujours demander la permission aux ancêtres, à la nature, aux parents spirituels et ce travail a aussi pour but d’équilibrer tout ce qui pourrait éventuellement se passer de négatif quand Judith irait étudier en ville, comme la tristesse d’être loin de son territoire ou de la contamination auditive et visuelle par la télévision.
D’ailleurs quand elle est partie à la faculté dentaire de Bogota, ses parents ont exigé qu’elle garde sa tenue traditionnelle. Au début ça l’a mise très en colère, mais elle a très vite compris que c’est eux qui avaient raison.
Quand elle est revenue dans sa tribu avec son diplôme de dentiste, elle a été convoquée par les anciens, les mamos et les sagas, ces médecins traditionnels qui ont l’habitude de faire disparaitre les maux de dents. Ils lui ont rappelé que l’hygiène dentaire est liée à l’hygiène de tout le corps et à l’assainissement sur les sites sacrés.
Pour les Kogis chaque dent appelée « joala » est un membre de la famille, la mâchoire supérieure correspond aux membres féminins de la famille, la mâchoire inférieure aux hommes de la famille. Judith m’a expliquée que : « Les dents du centre (entendez incisives) sont les dents des frères, des sœurs, les prémolaires les membres plus éloignées et les molaires sont les parents, beaux-parents ou conjoints. » Les dents ont aussi une pensée et c’est pour cela qu’elles sont vivantes et qu’elles peuvent mourir.
Judith a très bien été acceptée dans les tribus car elle fait parti des leurs et ils avaient déjà l’habitude des contrôles dentaires avec les services sanitaires. Avant que Judith commence à soigner un patient, les mamos font un travail spirituel pour qu’il n’y ait pas de complication et que l’intervention donne de bons résultats. « Il faut toujours l’autorisation du territoire et des parents spirituels sinon on serait comme un délinquant ou un « intrus », m’a dit Judith.
Quand Judith a fait ses études, elle s’est vraiment rendu compte que certains matériaux ou techniques étaient nocifs et qu’il fallait qu’elle renforce ses connaissances et ses pratiques traditionnelles. Les indiens Kogis prennent soin de leurs dents. La femme enceinte porte une plante spéciale sur le plexus pour que l’enfant n’ait pas de carie, elle fait également dans cette objectif un travail avec le chamane qui sait que chaque dent est reliée aux parties du corps et la bouche est reliée au territoire.
Judith cherche vraiment à pratiquer son métier de manière interculturelle pour que les connaissances indigènes et non indigènes s’articulent de manière positive sans nuire.
Pour en savoir plus sur les Indiens kogis et soutenir leur culture https://www.tchendukua.org/
Merci beaucoup pour ce partage je me souviens d’une rencontre à lyon avec les indiens Kogis il y a un savoir qui évolue avec la modernité ils le font avec intelligence et conscience.